Maître Jean-Marc Florand est méfiant « quant à la véracité » des aveux du mari, Jonathann Daval qui, « pour partie, ne collent pas à la réalité », selon lui.
Les aveux de Jonathann Daval ne semblent pas le convaincre entièrement. Maître Jean-Marc Florand, l’avocat des parents d’Alexia Daval, estime dans une interview à Ouest-France que nous ne sommes « probablement pas au bout de nos surprises ».
« Cette affaire, pour moi, sort de l’ordinaire, explique le pénaliste. Jonathann adorait sa femme. Ce n’est pas un homme violent. Sa personnalité pose forcément question. Ce Jonathann meurtrier, personne ne le connaît. »
« Qui l’a fait alors? »
Maître Florand a été l’avocat de Patrick Dils, symbole de l’erreur judiciaire. Condamné en 1989 pour le meurtre de deux enfants sur une voie ferrée, à Montigny-lès-Metz, en Moselle, il a fini par être acquitté après avoir passé 15 ans derrière les barreaux.
De cette expérience, il retient de la méfiance « quant à la véracité de ces aveux qui, pour partie, ne collent pas à la réalité. Jonathann a peut-être avoué ce qu’on voulait entendre de lui. Je ne doute pas qu’il soit dans le générique, mais à quelle place? A-t-il bénéficié d’un complice ou d’un coauteur? La qualification de meurtre sur conjoint va-t-elle se transformer en assassinat, en raison d’une préméditation? »
Au coeur de ces interrogations notamment, la question de l’incendie partiel du corps, que l’informaticien de 34 ans n’a pas reconnu. « Qui l’a fait alors? », interroge le conseil.
« Parfois, le hasard est redoutable »
Jean-Marc Florand a fait une demande de rapprochement ADN avec une autre affaire. Celle du suicide le 6 janvier d’un homme de 38 ans sur la commune d’Esmoulins, commune où a été retrouvé le corps d’Alexia. Les circonstances du suicide de cet individu sont troublantes. L’arme n’a jamais été retrouvée. L’autopsie a révélé par ailleurs que le tir n’avait pas causé instantanément sa mort. Le père de famille a pu se déplacer de sa cave, où il avait été aperçu en train de s’alcooliser la veille par son fils, au cabanon pour y mourir. Selon les hypothèses de la justice, il se serait débarrassé de son arme dans une poubelle de la cave.
Le 25 janvier, Emmanuel Dupic, le procureur de Vesoul, a exclu tout lien entre les deux affaires. Les enquêteurs de la section de recherches de Besançon qui travaillent sur l’affaire Daval n’étudient pas à ce stade d’hypothèse de complicité.
« Parfois, le hasard est redoutable, persiste Me Florand. Dans une commune de 140 habitants, où il ne s’est rien passé depuis la venue de Louis XIV, avoir deux morts violentes à quelques centaines de mètres de distance, c’est surprenant. Ce suicide présente des doutes. »
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