Ce vendredi 23 février est normalement le dernier jour du procès de Khalifa Sall. Le député-maire de Dakar est soupçonné de détournements de derniers publics. Pour ses avocats, aucun acte illégal n’a été commis. Le parquet a requis 7 ans de prison et 5,5 milliards de francs CFA d’amende. Depuis jeudi 22, la dernière phase du procès est consacrée aux répliques, ultimes prises de parole de toutes les parties. Jeudi, l’État ; vendredi 23, le procureur et la défense se sont rendu coup pour coup.
Avec notre correspondant à Dakar, Guillaume Thibault
Nouvelle et dernière journée du procès de Khalifa Sall, le député maire de Dakar, vendredi 23 février. Pourquoi requérir à nouveau alors que sa culpabilité est évidente ? Réflexion affichée par le procureur Bassirou Gueye quand il prend la parole : « après avoir entendu la défense, j’avais estimé que ma mission était accomplie ».
« Félicitations à l’État, félicitations à moi-même » enchaîne le procureur, qui reprend d’ailleurs les propos de l’agent judiciaire de l’État : « Les arguments donnés par la défense en dernier espoir de cause M. le président tendent à renforcer les accusations ».
En mettant l’accent sur le faux et usage de faux, le procureur s’est voulu implacable.
« La défense dit [que] le dossier est vide », explique Bassirou Gueye. « Il faut être sérieux, les infractions sont constituées ; comme dit l’autre : dans le cochon, tout est bon. Sur les factures qui ont permis de décaisser les fonds : Khalifa Sall a signé le mandat, c’est du faux, il est coupable. »
Le procureur revient sur les critiques de la défense à son encontre : « On me dit : pourquoi vous n’avez pas arrêté les anciens maires de Dakar. Pour deux raisons : Les faits sont prescrits et je n’ai pas reçu, comme pour cette affaire, de rapport de l’Inspection générale d’État demandé par le président de la République ».
Bassirou Gueye enchaîne avec une pointe d’humour « On me parle de Senghor. Pourquoi il n’est pas ici, franchement je ne sais pas… »
Debout dans une salle silencieuse le procureur conclut : « Il manque un milliard et quelques dans les caisses de l’État et il, Khalifa Sall, doit être condamné ».
La défense a rebondi sur ses déclarations. « Ce parquet qui croit qu’il a un bon dossier se trompe lourdement, ce procès n’aurait jamais dû se tenir », attaque un avocat « le procureur nous parle de faux, c’est lui qui est dans le faux, car il ne respecte pas le droit ». « Il n’y a aucune escroquerie dans ce dossier, car l’argent a été décaissé avant d’être justifié », poursuit un second avocat « pas de faux, pas d’escroquerie, pas de détournements, l’accusation est ruinée, Monsieur le Président ».
La défense a également répété en boucle son argument phare, celui du procès politique. « Les fonds sont politiques, c’est une évidence », affirme Bamba Cissé. « Il y a quelqu’un qu’on a voulu arrêter pour des raisons politiques, c’est Khalifa Sall », conclut Maître Ndiaye, en ajoutant : « Je vous demande, Monsieur le Président, de tout faire pour qu’il retrouve rapidement la liberté ».
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