Par Sadek Sahraoui – L’adage selon lequel un malheur ne vient jamais seul s’applique à merveille à l’ancien président français Nicolas Sarkozy. A peine a-t-il été mis en examen dans le cadre de l’enquête sur le présumé financement libyen de sa campagne pour la présidentielle de 2007 qu’il se voit accusé le lendemain du meurtre du guide libyen Mouammar Kadhafi.
Le journal britannique Daily Mail rapporte, en effet, dans son édition du 22 mars que «l’ancien leader libyen a été tué en 2011 par un agent secret français qui agissait sous les ordres de Nicolas Sarkozy». «L’agent secret français envoyé par Sarkozy s’est infiltré dans la foule qui venait de capturer l’ex-guide libyen dans la banlieue de Syrte et lui a tiré une balle dans la tête», soutient la publication britannique. Autrement dit, l’ancien président français est clairement accusé d’avoir commandité le meurtre de Mouammar Kadhafi.
Le mobile du crime ? Le Daily, qui cite des sources bien placées, défend l’idée que Nicolas Sarokzy voulait à tout prix empêcher Kadhafi d’être pris vivant. Il avait la hantise que son ancien «frère leader», qu’il avait reçu à Paris avec faste en 2007, soit par la suite interrogé sur ses liens hautement suspects avec lui et qu’il finisse par «cracher le morceau». L’éventualité que Nicolas Sarkozy soit aussi poursuivi pour assassinat par la famille Kadhafi ou par quelqu’un d’autre pour le même motif n’est pas à exclure, non plus.
Mais en attendant, il a un autre gros souci. Il est possible aussi que le successeur de Jacques Chirac à l’Elysée ne puisse plus jamais se rendre en Libye. La raison tient du fait que la justice de ce pays a décidé également de le poursuivre en justice. Le site français Mediapart rapporte ainsi dans son édition du 23 mars que, lors de sa garde à vue, l’ancien Président a été confronté aussi aux «résultats préliminaires» de l’enquête ouverte par le bureau du procureur général de Libye. Et selon le média français, celui-ci a annoncé «la volonté» de l’Etat libyen post-Kadhafi de se constituer partie civile en France. Les dignitaires libyens interrogés, ajoute-t-il, ont tous chargé l’ancien Président.
D’après Mediapart, c’est le 6 novembre dernier que le bureau du procureur général libyen a transmis au juge d’instruction Serge Tournaire un rapport contenant un résultat préliminaire de «l’enquête sur les faits présumés de financement de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy pour la présidence française dans les années 2006-2007», initiée par la division des investigations du bureau du procureur. Il s’agissait là, précise la même source, d’une réponse à une demande d’entraide judiciaire transmise par le magistrat parisien «aux autorités libyennes compétentes» en janvier 2014.
«A ce stade, nous tenons à vous faire part de la volonté de l’Etat de Libye de se constituer partie civile devant les autorités compétentes de votre Etat. L’Etat Libyen estime être victime dans le cadre de l’instruction ouverte par vos soins concernant les faits présumés de financement de la campagne électorale du candidat à la présidence française Nicolas Sarkozy», notent les magistrats libyens Ibrahim Messaoud Ali, substitut général, et Al-Seddik Ahmed Essour, avocat général et chef de la division des investigations.
L’étau libyen se resserre vraiment autour de Sarkozy.
S. S.
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